CHWP B.21 Catach, "Les dictionnaires de l'Académie française"

2. Les choix et la langue de l'Académie au XVIIe siècle

Ce Dictionnaire de l'Académie, dans lequel le latin a été dès le départ résolument écarté, qui s'est voulu ainsi résolument moderniste, qui ignore toute mention explicite d'étymologie ou de filiation diachronique (seule la 9e édition actuelle a décidé de donner l'étymologie des mots et a commencé à le faire fort sérieusement), se voulait avant tout l'ouvrage de "l'honnête homme" de la Cour et de la ville, qui fuit la pédanterie et se fait fort de bien parler avec naturel. Les hommes de ce temps croient, avec Vaugelas et Ménage, qu'une langue est essentiellement une pratique quotidienne, acquise de la fréquentation des meilleurs modèles, et que rien ne peut remplacer pour cela le commerce des honnêtes gens.

C'est pourquoi (et non, comme on l'a dit, par modestie personnelle, pour ne pas se citer eux-mêmes) les Académiciens se sont toujours refusé à introduire des citations d'auteurs, et se sont au contraire, selon l'usage ancien, si largement servi des recueils de locutions et de proverbes (celui des Curiositez d'Oudin en particulier). Ce faisant, ils choisissaient pour leurs exemples une langue familière certes, mais qui déjà vieillissait, se figeait et qui date terriblement aujourd'hui.

Nous en donnerons des exemples, et citerons des faits qui mériteraient, en cas d'informatisation, une attention et des études spécifiques. Nous prendrons, comme cela a été convenu, de préférence ces exemples dans la lettre L, avec mention d'autres articles.

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