CHWP B.18 Reidenbaugh, "Citation et méthode chez Palsgrave"

2. Troncation et ellipse

Palsgrave a dû être parmi les premiers lexicographes à reconnaître la nécessité d'abréger certains éléments d'un ouvrage ample sinon exhaustif. Tout lexicographe postérieur s'est imposé une limite, ou sur le nombre ou sur la longueur de ses citations, à cause de l'espace limité d'un ouvrage imprimé. Considérant la longueur du volume résultant (plus de 500 folios), nous pouvons apprécier le dilemme de Palsgrave. Le fait qu'il a cité des textes de l'époque des Grands Rhétoriqueurs, dont les phrases semblent excessivement ornées et délayées au lecteur moderne, a rendu plus nécessaire son travail d'abréviation. On comprend bien, par exemple, que Palsgrave, dans son lexique des adverbes (f. 471v, s.v. To the ende) ait préféré tronquer la citation suivante après le mot histoire plutôt que de donner la phrase complète et ainsi perdre un espace précieux, risquant également de jeter dans la perplexité ses lecteurs débutants.

De tels passages tronqués, souvent indiqués par l'abréviation &c., ne sont pas rares chez Palsgrave. La coupure ne tombe pas forcément aux limites d'une proposition ou d'une unité de pensée:[4]

La citation commence parfois au milieu d'une phrase, c'est-à-dire que la troncation vient au début:

En raccourcissant ses citations, Palsgrave a parfois choisi de supprimer des mots à l'intérieur de certains passages de Lemaire. Il a trouvé plus facile d'éliminer des propositions relatives et coordonnées, bien que tout élément de la phrase, voire un seul mot, était sujet à une suppression éventuelle:

L'emploi de l'ellipse peut changer la signification originale d'une phrase pour le lecteur qui ignore le contexte complet. Dans l'exemple suivant, la proposition principale chez Lemaire devient subordonnée chez Palsgrave, suivant l'ellipse des mots dépendant de combien que:

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Notes

[4] C'est moi qui mets en italique les passages tronqués dans l'original.