CHWP B.10 | Leroy-Turcan, "L'informatisation du Dictionnaire Étymologique de G. Ménage" |
L'informatisation du DEOLF présente un intérêt indéniable pour la lexicographie, l'histoire de la grammaire et des théories linguistiques. L'oeuvre de Ménage sur la Langue Française, ample et variée, limite le lecteur à des appréciations partielles, forcément imparfaites (corpus restreints non représentatifs de l'ensemble). L'informatisation, conciliant les lectures horizontale et verticale, permet des analyses exhaustives, fidèles au texte devenu alors base de données.
Pourquoi informatiser le DEOLF plutôt qu'un autre ouvrage? Les difficultés de choix sont inhérentes à l'économie de tous les travaux de Ménage sur la langue, à leur complémentarité: en dépit des genres différents -- dictionnaires ou traités sur la langue et l'usage -- et de l'autonomie d'édition des Origines de la Langue Françoise (1650), des Origini della Lingua Italiana (1669, 1685), des Observations sur la Langue Françoise (1672, 1675-6) et du DEOLF (1694), la progression d'un ouvrage à l'autre révèle les étapes des recherches, de la réflexion linguistique de Ménage. Le DEOLF, son ultime production, représente la forme la plus riche de son travail lexicographique: le constituer en base de données, c'est reconnaître sa place dans l'histoire des dictionnaires anciens.
Loin de trahir l'auteur et son oeuvre, de faire oublier le Livre, l'informatisation -- non fragmentée -- du DEOLF aura ce mérite extraordinaire d'offrir une vision synoptique du fonctionnement du dictionnaire, de ses modalités significatives, des différentes pertinences sémiotiques.
Actuellement le DEOLF n'est pas considéré comme un dictionnaire général, mais il dépasse largement son objet, l'étymologie: il est bien une oeuvre charnière, de Nicot à Littré, et il est temps d'apprécier son rôle linguistique, en synchronie comme en diachronie, pour la postérité dictionnairique.
Computerization of the DEOLF holds an indisputable interest for lexicography, the history of grammar and linguistic theories. Ménage's work on the French language, extensive and varied, restricts the reader to partial assessments, necessarily imperfect (limited corpora unrepresentative of the whole). Computerization, reconciling horizontal and vertical readings, offers exhaustive analyses, faithful to the text converted into a database.
Why computerize the DEOLF rather than another work? The difficulties of choice are inherent in the organization of Ménage's various works on language, in their complementarity: despite the different genres -- dictionaries or treatises on language and usage -- and the autonomous publication of the Origines de la Langue Françoise (1650), Origini della Lingua Italiana (1669, 1685), Observations sur la Langue Françoise (1672, 1675-6), and the DEOLF (1694), the progression from one to another reveals the stages of Ménage's research and linguistic reflection. His last work, the DEOLF, constitutes the most complete form of his lexicographical undertaking: converting it into a database is to recognize its place in the history of early dictionaries.
Far from betraying the author and his work, from causing the Book to be forgotten, the (non-fragmented) digitization of the DEOLF will have the extraordinary merit of offering a synoptic view of the functioning of the dictionary, its semiotic systems and their different relevance.
The DEOLF is not usually regarded as a general language dictionary, but it far exceeds its object, etymology: it is indeed a key work, leading from Nicot to Littré, and it is time to appreciate its linguistic role, both synchronic and diachronic, for subsequent lexicography.