CHWP B.21 Catach, "Les dictionnaires de l'Académie française"

9. Richesse et importance des variations de forme, difficultés des rapports sens/formes

Il y aura pour un travail d'informatisation de ces textes un grand problème de regroupement et d'indexation des graphies et des mots. Pour bien comprendre la difficulté de la séparation des "formes", des "sens" et des "mots", surtout dans un dictionnaire ancien, il faut rappeler qu'un terme peut avoir couramment alors deux formes phoniques (ou plusieurs), deux formes graphiques (ou plusieurs), deux sens (ou plusieurs).

Nous appelons variantes graphiques les formes différentes d'un même mot qui se prononcent en principe de la même façon (comme amygdale /amigdale, analyse/analise, atterrer/attérer), variantes lexicales les formes d'un même mot qui ne se prononcent pas de la même façon (comme ormaire /armoire, armaires/armoiries/armeries), polysèmes les mots de même origine qui présentent plusieurs sens (comme penser "réfléchir" / panser "un cheval", dessin/dessein, repère "trace" / repaire "du loup"), homophones les mots d'origine et de sens différents qui se prononcent de la même façon (comme laie, laid, lait, etc.). Mais ce n'est pas toujours simple. Ainsi, pour 1694, courre/courir seront aisément considérés comme variantes lexicales. Mais en 1835-1878, pour foible/faible, roide/raide, harnois/harnais, comment les traiter, en l'absence de mention explicite, alors que l'on vient de passer de oi à ai?

Nous avons relevé ainsi des milliers de variantes, encore n'avons-nous pas tout collationné (près de 13% de variantes graphiques sur l'ensemble des modifications traitées, dont 43% dans la 1ère édition). Pour les variantes lexicales, elles se concentrent surtout, comme les précédentes, dans les premières éditions (60% pour R. Estienne et Nicot, 26,77% pour les quatre premières éditions). Certaines de ces variantes, comme nous l'avons dit, ont permis de distinguer des polysèmes, et sont devenues ensuite des entrées séparées. Toutes ces formes, variantes graphiques, polysémiques et lexicales, devraient pouvoir être codées et regroupées en réseau en cas d'informatisation.

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